L’économie circulaire, pourquoi faire ? Laissez-vous convaincre de l’urgence par le dernier rapport de l’International Resources Panel

La communauté scientifique le confirme via ce rapport : adopter l'économie circulaire devient indispensable pour diminuer notre consommation effrénée en ressources. Ce modèle économique offre des réponses concrètes aux enjeux environnementaux, tout en ouvrant la voie à une croissance durable et équitable pour tous.

Bend the trend - Global resource outlook

Un rapport sur la gestion des ressources a été publié par le Groupe International d’experts sur les Ressources (International Resource Panel) au printemps 2024. Le “Global Resources Outlook 2024” a pour objectif de partager les dernières connaissances scientifiques, modélisations, et données techniques et socio-économiques sur l’utilisation des ressources au niveau mondial. La quantité de ressources que la société utilise et la manière dont elles sont gérées ont d’importantes conséquences sur l’environnement et sur la possibilité qu’auront les générations futures à vivre décemment sur Terre.

Une demande en ressource qui s’accroit

Un premier fait établi est que l’accroissement de l’utilisation des ressources conduit à l’aggravation des crises environnementales d’aujourd’hui : le changement climatique, le déclin de la biodiversité et la pollution. 

Graphique utilisation des ressources

Ce schéma indique l’utilisation de ressources (biomasse, énergies fossiles, métaux et minéraux non métalliques) de 1970 à 2023. Cette dernière a été multiplié par 3 ces 50 dernières années et continue d’augmenter avec un creux visible en 2020 dû à la pandémie de la Covid-19. 

L’extraction et la transformation de ces 4 types de matières sont responsables de plus de 55% des émissions de gaz à effet de serre (GES) et de 40% des impacts sanitaires liés aux particules fines s’y référant. Le rapport prédit une intensification de l’utilisation de ces ressources de 60% d’ici 2060 (par rapport à 2020, passant de 100 à 160 milliards de tonnes). Ce qui, d’une part, dépasserait largement ce qui est nécessaire pour répondre aux besoins humains essentiels conformément aux ODD1 (objectifs de développement durable) et, d’autre part, compromettrait la possibilité d’atteindre les objectifs climatiques, de diminution de la pollution et de conservation de la biodiversité mais aussi la prospérité de nos économies et le bien-être de tout un chacun. Le secteur de la construction et de la mobilité sont les principaux moteurs de la demande croissante, suivis par les systèmes alimentaires et énergétiques. Ensemble, ces systèmes représentent environ 90 % de la demande mondiale en matériaux. 

Il est par conséquent urgent qu’une action concertée soit menée pour modifier la manière dont les ressources sont utilisées. Baisser les émission de GES tout en prenant en compte des limites planétaires est nécessaire. Une économie durable, circulaire et bio basée, prioritise l’utilisation rationnelle de la biomasse pour maximiser le bien-être des populations et minimiser les impacts sur la nature et ses habitants. 

Des inégalités flagrantes

Un deuxième message notable de ce rapport est l’importante disparité entre les pays concernant les dommages causés sur l’environnement. Les habitants des pays dits développés ont une empreinte matérielle en moyenne 6 fois plus élevée et émettent 10 fois plus de GES que les personnes vivant dans les pays dits en voie de développement. Traiter les inégalités doit donc être au cœur de transition.

Ce graphique montre l’empreinte matérielle en millions de tonnes par catégories de pays (pays à faible revenu (ex. Congo, Madagascar, Tchad), pays à revenu intermédiaire inférieur (ex. Inde, Iran, Nigeria, Bolivie) pays à revenu intermédiaire supérieur (ex. Turquie, Mexique, Russie, Chine), pays à haut revenu (ex. Belgique, Canada, l’Arabie Saoudite)). Les barres vertes désignent l’empreinte matérielle de tout le pays en 2000 et la barre mauve celles de 2020. Les cercles verts nous apprennent l’empreinte matérielle moyenne par habitant en 2000 et les cercles mauves, celles de 2020. Bien que l’empreinte matérielle des pays à haut revenu soit constante et en deçà de celle des pays à revenu intermédiaire supérieur en 2020, elle est clairement supérieure quand elle est ramenée par habitant. 

La répartition équitable des ressources et des opportunités est non seulement une question de justice sociale, mais aussi une condition essentielle pour atteindre les ODD. Il est crucial de réorienter la demande vers une utilisation des ressources là où elle est la plus vitale. Des actions politiques audacieuses sont indispensables pour éliminer les activités non durables et encourager des pratiques innovantes. 

En plus des mesures de production, une attention accrue doit être portée à la consommation. En effet, des progrès technologiques et un changement de comportement à l'échelle individuelle et collective sont indissociables pour une transition économique réussie. L’information et la sensibilisation sont des leviers clés pour encourager les consommateurs à adopter des modes de vie plus durables et ils faciliteront les choix éclairés.

Un rapport aussi orienté solutions

Dans le rapport, un scénario de transition durable a été monté. Bien que le chemin soit raide, il est malgré tout possible. Il est construit sur base d’hypothèses qui impliquent des changements dans nos systèmes d’approvisionnement actuels. Voici quelques exemples de recommandations sous formes d’objectifs :

  • 50% réduction du gaspillage alimentaire par rapport aux niveaux de 2020 d'ici 2050
  • Des matériaux de construction qui incluent du contenu recyclé et du bois
  • Un transfert modal vers des transports en commun ou actifs (non-motorisés)
  • L’adoption accélérée de l’électricité renouvelable

En conclusion, la communauté scientifique insiste sur l'urgence de prises de décisions pour garantir un changement systémique dans nos modèles de consommation et de production. Des efforts sont à fournir, mais les bénéfices d'une transformation vers une économie plus circulaire, innovante et équitable sont immenses, tant pour notre planète que pour l'humanité tout entière. L'économie circulaire, en optimisant l'utilisation des ressources et en minimisant les déchets, offre une voie prometteuse pour décorréler la croissance économique de l'exploitation des ressources naturelles. Elle encourage non seulement la réutilisation et le recyclage des matériaux, mais aussi une conception plus durable des produits, réduisant ainsi la pression sur les écosystèmes. 

 

Notes de bas de page

[1] Objectifs de développement durable établis par les Nations Unies

[2] Le concept de « limites planétaires » a été défini par Johan Rockström et son équipe du Stockholm Resilience Centre. Il permet de définir le « planetary playing field » (« terrain de jeu planétaire ») dans les limites duquel l'humanité pourrait vivre en sécurité du point de vue de la durabilité des ressources naturelles et des services écosystémiques. Ces derniers sont définis comme étant les biens et les services réalisés par la biodiversité, les processus écologiques, les écosystèmes et le support de l'activité humaine pour améliorer le bien-être de l'humanité. (https://services-ecosystemiques.wallonie.be/fr/services.html?IDC=5735 ).

[3] L'empreinte matérielle représente la quantité totale de matières premières extraites pour satisfaire les demandes de consommation finale. C'est une indication des pressions exercées sur l'environnement pour soutenir la croissance économique et satisfaire les besoins matériels des individus. (https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/wp-content/uploads/sites/4/2020/03/ODD_12_Rapport2019.pdf )

Source graphiques : Global Resources Outlook 2024