Économie de la fonctionnalité : vendre l’usage, pas le produit !

Le concept de location de produits n’est pas nouveau. Ce qui l’est, aujourd’hui, c’est son extension à des domaines inimaginables auparavant. En bref : l’usager paye le service rendu et le fabricant conserve la propriété des produits. L’usager peut être un particulier (B2C) ou une entreprise (B2B). Ce « secteur » a explosé depuis quelques années et la Wallonie n’est pas en reste.

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D’un pays à l’autre, la définition de l’économie de la fonctionnalité est fluctuante, comme d’ailleurs tous les concepts autour de l’économie circulaire. Pour sa part, Circular Wallonia a adopté cette définition : « L’économie de fonctionnalité consiste en la substitution de la vente d’un produit par la vente de l’usage. La valeur d’un produit pour le consommateur réside dans la fonction, donc les bénéfices qu’il retire de son utilisation en réponse à son besoin, et non dans la possession du produit en question ».

La fin de l’obsolescence programmée ?

Et cela change tout par rapport au cycle de vie d’un produit, puisque l’intérêt du producteur ou du revendeur-loueur est que celui-ci reste le plus longtemps possible dans le circuit économique. Il a donc un intérêt certain à concevoir des produits solides et résistants à l’usage, donc réutilisables, mais aussi facilement démontables, réparables, reconditionnables et qui, en fin de vie, pourront même encore avoir de la valeur au recyclage.

Les bocaux en verre de Bringback (Liège), par exemple, sont fournis aux entreprises clientes et récupérés, au même prix que des bocaux neufs. Ils sont lavés et contrôlés par Bringback au lieu d’être recyclés avec pour résultat, une empreinte carbone quatre fois moindre ! « Le client reçoit la même chose, mais on a transformé la vente d'un produit par la vente d'un service », résume son fondateur Laurent Halmes.

Le fabricant ou le revendeur devra donc s’assurer qu’il est capable d’effectuer toutes ces opérations en interne, ou bien de s’associer à des partenaires qui peuvent le faire pour lui. C’est tout un nouvel écosystème qui se crée ainsi. Le principe du « produit qui reste chez le fabricant/revendeur » implique donc de repenser le modèle économique de l’entreprise. Car il faut mettre en place des solutions qui associent des garanties de services et les fonctionnalités d’usage des biens matériels concernés, ainsi qu’une « logistique inverse » indispensable pour le retour du produit.

Les bocaux en verre de Bringback sont fourniris aux entrepses clientes et récupérés, au même prix que des bocaux neufs.

Des avantages pour l’environnement

En restant dans le circuit économique, ces biens ont une empreinte écologique moindre. Ils évitent la production de biens neufs, donc les tensions sur les ressources primaires. Ils ne terminent au recyclage que lorsqu’ils ne peuvent plus proposer d’autre valeur que la récupération des matières premières qui les composent.

Aujourd’hui, de plus en plus d’entreprises exigent des produits à forte valeur ajoutée environnementale, car leurs clients, eux-mêmes opérateurs économiques, doivent afficher un meilleur bilan environnemental. C’est pourquoi certaines parties de produits, notamment les emballages, peuvent être « loués ». C’est le cas des récipients ChanGo (Nivelles) pour la restauration à emporter, qui permettent chacun l’économie de 200 contenants jetables.

Le ciel est la limite

Lorsqu’on « dématérialise » la jouissance d’un produit, l’imagination n’a plus de limite. Les cadres connectés IONNYK (La Hulpe), par exemple, permettent d’avoir accès par abonnement à toute une galerie de photos d’art avec une qualité visuelle inégalée et 99 % de consommation énergétique en moins par rapport à un écran télé.

L’enseigne de sport Décathlon (Namur) teste différentes stratégies circulaires, impensables il y a quelques années : réparation, vente de matériel d’occasion, mais aussi la location de matériel. « Certains clients préfèrent louer un produit parce qu’ils en ont besoin une seule fois, mais la plupart de ceux qui louent, c’est pour tester les produits », explique Florent Closset, chef de rayon, « on passe d’une économie de ‘je possède’ à ‘j’utilise’ ».

Des marchés de niche se créent ainsi pour des modèles économiques innovants, intégrant l’économie de la fonctionnalité.

 

Photos: Dans le texte, du début à la fin : © Visit Namur; ©SPW; ©Décathlon Belgique

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