Rénovation énergétique et patrimoniale de l’Institut de Botanique de l’ULiège : un projet de réemploi à grande échelle
Ligne Bois, le cluster CAP Construction et les partenaires du projet européen Greater Green+ ont le plaisir de vous inviter à la visite du Bâtiment B22 de l’Institut de Botanique de l’ULiège, un projet exemplaire qui conjugue réemploi, rénovation énergétique et patrimoniale.
Ce projet porte sur la rénovation énergétique de l'Institut de Botanique de l'ULiège (Bâtiment B22 repris à l'Inventaire du Patrimoine Immobilier Culturel wallon). Outre la pose d'un bardage en bois de réemploi (2 600 m²), divers éléments de construction ont été démontés, inventoriés, nettoyés et réutilisés dans le projet de rénovation.
En 2014, l'Université de Liège (ULiège) et le Centre Hospitalier Universitaire de Liège (C.H.U. de Liège), soutenus par le GRE-Liège, ont lancé un programme ambitieux de rénovation énergétique et patrimoniale pour onze bâtiments emblématiques du campus du Sart Tilman, financé par un subside de 1,5 million d’euros du fonds européen pour l’efficacité énergétique (fonds eeef). Ces institutions doivent investir au moins 30 millions d’euros pour réduire les consommations énergétiques de 20 % minimum. Conçus dans les années 1960-70, ces bâtiments modernistes présentent une grande valeur patrimoniale, mais un bilan énergétique médiocre. Le principal défi est de rénover sans altérer les qualités architecturales. Parmi eux, l’Institut de Botanique de Roger Bastin, un monolithe géométrique en béton marqué par des planches de sapin, illustre ce défi avec son contraste entre rudesse et régularité.
Le parti d’investir dans la rénovation lourde d’un parc immobilier existant, plutôt que de reconstruire du neuf sur un terrain vierge, s’inscrit dans une démarche de durabilité et de réemploi des infrastructures existantes initiée par l’Université de Liège.
Le réemploi sous toutes ses formes
Dans ce cas précis, pour déterminer l’état de la situation, une phase d’analyse préalable du bâtiment a été menée sur base de 3 critères : analyse architecturale et technique, analyse sanitaire (état physique du bâtiment), analyse énergétique (action importante à mener au niveau de l’enveloppe).
Trois formes de réemploi ont été pratiquées sur le chantier de rénovation énergétique et patrimoniale de l’Institut de Botanique de l’ULiège :
l'utilisation de matériaux de réemploi externes au chantier (bardage de type barnwood et planches d’Azobé provenant d’anciens docks des ports néerlandais) ;
le réemploi de matériaux issus de la déconstruction in situ (bardage métallique de toiture et dalles de béton) ;
la remise en état d’infrastructures existantes (remise en service d’un ancien réseau de ventilation de 50 000 m³ à partir des anciens gainages).
Quand les éléments de réemploi orientent la conception architecturale
Le choix de travailler avec des éléments de réemploi n’a pas été sans conséquence sur le travail de conception architecturale.
Tout d’abord, pour un tel projet, il s’agit de partir de la matière pour aller vers le développement d’une proposition architecturale alors que d’habitude, c’est l’inverse. Ici, c’est la matière qui dicte la composition : l’absence de maîtrise du matériau (largeurs et épaisseurs différentes, rendus variés…) implique de penser le projet en garantissant à tout moment une souplesse de mise en œuvre.
Ensuite, pour rédiger le cahier des charges, il a fallu trouver les moyens de décrire une matière dont on ne pouvait connaître précisément l’aspect et la géométrie qu’au moment de son arrivée sur chantier. Ce qui impliquait d’être assez précis sur certaines caractéristiques (taille, dimensions, coloris…) afin de cadenasser suffisamment la proposition de l’entreprise, tout en restant ouvert afin qu’elle puisse trouver cette matière sur le marché.
Enfin, s’agissant d’une opération de réemploi à grande échelle nécessitant la pose de 2 600 m² de bardage de bois de réemploi, il était impératif de s’assurer de la disponibilité des stocks de bois disponibles sur le marché du réemploi et du potentiel d’intégration esthétique de lots de matériaux de provenance différentes.
Au bout du compte, et sans faire abstraction des difficultés apparues en cours de chantier, cette opération de rénovation énergétique peut être considérée comme exemplaire par sa démarche intégrée de durabilité et de circularité à plusieurs niveaux.
Un projet circulaire et exemplaire
Outre l’économie de ressources, les performances énergétiques (confirmées par des campagnes de mesures) s’en sont trouvées largement améliorées : -75 % des consommations de chauffage, -21 % des consommations électriques.
Ce projet a remporté une mention dans la catégorie « Bâtiments tertiaires » lors des Trophées Bâtiments Circulaires 2022.